La Teci

Approche thérapeutique

voir aussi : La dépression adolescent

Désaliénation mentale

Pour beaucoup de personnes hospitalisées à Saumery, un long parcours psychiatrique entraîne de manière implicite un préjugé d’irresponsabilité à l’égard de la société mais surtout à l’égard d’eux même. Le sociologue Herman Simon, ayant travaillé sur le procédé de sociothérapie, développe à ce sujet l’importance de s’appuyer sur la part saine des personnes, c’est-à-dire sur l’endroit de la personnalité et de ses ressources vives préservées de la désorganisation qu’entraîne la souffrance psychique. La TECI se propose de soutenir le désir des personnes, souvent malmené, d’oser le porter avec eux et ce jusqu’au « bout », fusse-t-il un « bout de recommencement ». Reprendre un lien sain avec son propre désir et pouvoir en dire quelque chose aux autres est l’occasion de recréer un tissu de langage sur lequel se raconter. Il s’agit d’apprendre à se raconter autrement, se raconter à d’autres, recréer pour soi une narration narcissique dont les racines peuvent prendre en dehors de l’identité de malade.

Désaliénation sociale

Outre la nécessité de pouvoir à nouveau se considérer comme citoyen de droit, il s’agit aussi de se défaire des injonctions sociales anxiogènes introjectées pour se créer son propre cadre interne : un cadre interne nettoyé des représentations normatives. Une émancipation oui, mais pas un retrait du monde. Une libération, sans individualisme solitaire. Une place sociale en exploration, situation du sujet parlant dans la dialectique économique de celui qui possède et celui qui achète, mise en parole et en sens d’une situation symbolique dans le groupe grâce aux échanges de services et de compétences.

Thérapie par le groupe

La TECI en tant qu’espace d’existence groupale est un lieu de projections et d’identifications, c’est-à-dire d’apprentissage sur soi par la reconnaissance en l’autre de quelque chose nous ressemble. Des tensions chez l’autre, traversées en tant qu’extérieures à soi lorsqu’on l’observe agir dans le groupe, permettent de mettre au travail des conflits internes inélaborés car trop opaques tant que pris dans une intériorité muette. La reconnaissance chez l’autre de ce qui lui échappe, renvoie à ce qui, au même endroit, nous échappe en nous-même. Le groupe permet une mise en mouvement collective de la subjectivité souffrante de chacun. Ainsi, des phénomènes de « tensions de groupe » s’observent, c’est à dire des enjeux douloureux qui confluent entre différents membres du groupe et offrent une occasion de chercher à plusieurs une résolution qui soignera le groupe en même temps que chacun des individus.

Soin du lien social

Nul besoin d’être en psychiatrie pour avoir besoin d’un soin du lien social. L’humain est un être de langage, donc situé dans le monde dans un maillage symbolique de relation aux autres. Ainsi, la manière dont il se place dans la relation, dont il interagit, dont il est reconnu par ses pairs, sont autant d’occasions de saisir pour lui-même une forme, une couleur, d’être au monde, un support d’identification, une occasion de reconnaître « qui est « je » ». La TECI lui offre la possibilité de faire l’expérience d’une reconnaissance par le groupe, groupe auquel il s’identifie et donc par lequel il peut intégrer une reconnaissance de soi.

Soigner la séparation et l’individuation

Pour que le jeune adulte ose explorer le monde et se lancer dans une expérience professionnelle, il faut qu’il ait pu intégrer une sécurité interne suffisante ainsi qu’une tranquillité dans ses liens d’attachement fondamentaux (qu’il se sente aimé et aimable). Cette possibilité advient lorsque l’enfant profite d’un lien d’attachement précoce dit « sécure » : l’enfant peut explorer le monde en s’écartant du corps maternel, dans la mesure où le lien à la fonction maternelle (qui peut être le père) a été suffisamment sécurisant et qu’il a pu en intégrer une partie en lui-même. L’absence est alors vécue comme « présence interne », ce qui permet de vivre sans se sentir disparaître, même en dehors du regard : le regard est introjecté. Les jeunes personnes qui n’ont pas pu intégrer cette sécurité du lien (absence physique ou psychique du parent, traumatismes infantiles, dépression du post partum…) sont en mal d’autonomie, par impossibilité d’intégrer en soi le soutien maternel et paternel (celui de l’amour fondamental de soi et celui de la Loi interne) ; cette étape de développement est alors à retraverser. La TECI propose un terrain séparé de Saumery, un « corps » séparé du ventre maternel, sevré de son sein, mais un corps qui reste bordé par une pensée soignante. En effet, la constellation soignante qui accompagne le jeune à Saumery et à la TECI forme un maillage de regards, qui soutient le jeune au seuil de l’autonomie. Des réunions cliniques de [[Public/Notre Démarche/Fonctionnement#Les constellations d'accompagnements|constellation]] seront organisées entre les accompagnants de Saumery et ceux de la TECI pour élaborer avec lui une pensée responsabilisante et enveloppante.